Quid des raisons de la colère des agriculteurs ?

Manifestations, panneaux retournés, rond-points bloqués… Les motifs de l’indignation des agriculteurs français.

Depuis quelques semaines, une vague de mécontentement se propage dans les zones rurales, marquée par diverses actions à travers tout le pays. Les syndicats agricoles réclament des réponses de la part du gouvernement et appellent à une « pause normative ».

Les syndicats agricoles réclament une « pause normative » et critiquent les « incohérences » des politiques nationales et européennes.

Parmi les « incohérences » dénoncées figurent l’augmentation des redevances sur l’eau et les produits phytosanitaires, les préoccupations liées aux conséquences potentielles de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur (le marché commun d’Amérique du Sud) actuellement en cours de négociation, la progressive suppression de la défiscalisation du gazole non routier (GNR) utilisé dans les tracteurs, ainsi que l’accroissement des importations de produits ne respectant pas les normes des agriculteurs français.

Leurs revendications sont diverses, mais rejoignent un même constat. Celui de ne plus pouvoir vivre de leur métier.

Une source supplémentaire de mécontentement découle du refus de Bruxelles de prolonger en 2024 la dérogation autorisant la mise en culture des terres en jachère, malgré la persistance des tensions alimentaires résultant de la guerre en Ukraine.

« Nous défendons la souveraineté alimentaire, mais chaque jour, nous sommes confrontés à des obstacles supplémentaires« , a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, à l’issue d’une réunion au ministère de l’Agriculture jeudi soir.

Les raisons de la colère des paysans

  1. Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, préconise un investissement de 3 milliards d’euros sur trois ans dans le secteur agricole. Cette somme serait destinée principalement à la modernisation des infrastructures et à la consolidation des exploitations pour accroître leur productivité.
  2. La FNSEA et les JA réclament une « année blanche » pour les traites bancaires, permettant aux agriculteurs de faire face à leurs engagements financiers.
  3. Un moratoire sur les normes, en particulier celles liées à l’environnement. Ces syndicats souhaitent que la France n’impose pas plus de normes que ses homologues européens.
  4. Une hausse générale des prix d’achat dans la grande distribution afin qu’ils reflètent les coûts de production.
  5. La réduction des charges pour redonner aux agriculteurs une compétitivité-coût. La FNSEA envisage la possibilité d’alléger les cotisations, compensées par une augmentation de la TVA.
  6. Encourager la montée en gamme de produits spécifiques tels que le fromage et le vin.
  7. Combattre les lenteurs administratives, en citant l’exemple de la méthanisation, soulignant que les procédures prennent quatre fois plus de temps en France qu’en Allemagne.
  8. Accorder davantage de liberté à la filière pour s’organiser, tant au niveau des exploitations que des objectifs environnementaux.
  9. Faciliter l’installation des jeunes exploitants.
  10. Limiter l’étalement urbain, en préservant les terres agricoles qui changent chaque année de destination sur 70 000 hectares.
  11. Élaborer et mettre en œuvre une stratégie à long terme (15 à 20 ans) pour l’ensemble des activités agricoles, impliquant toutes les parties prenantes autour d’une table de discussion.

Les Gilets verts sont-ils les nouveaux Gilets jaunes ?

Les syndicats critiquent le gouvernement pour sa lenteur à mettre en œuvre la « simplification » administrative promise. Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale, le deuxième syndicat agricole, a déclaré à l’AFP : « Les agriculteurs qui nous appellent ne savent même plus ce qu’ils ont le droit de faire ou non » et estiment ne pas bénéficier d’un accompagnement adéquat face aux défis climatiques, géopolitiques et sanitaires.

Arnaud Rousseau a pris l’exemple des haies pour illustrer la situation en expliquant : « Pourquoi les agriculteurs n’en font pas ? Parce qu’il y a 14 textes réglementaires« , malgré la reconnaissance unanime des bienfaits des haies pour l’érosion et la biodiversité, entre autres.

Les pécores en colère

Ces contraintes, combinées à des indemnisations jugées « trop tardives » pour des filières en crise telles que la viticulture et l’élevage, compromettent l’attractivité dont le secteur a besoin pour renouveler ses exploitants vieillissants.

L’opposition au « Pacte vert » européen

Bien que la France soit le principal bénéficiaire de la Politique agricole commune (PAC) avec 9 milliards d’euros d’aides annuelles, ses exploitants contestent vigoureusement la stratégie de verdissement de l’agriculture européenne. Un élément central du Pacte vert de l’UE, un projet législatif visant à réduire de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires chimiques d’ici 2030 (par rapport à la période 2015-2017), a été rejeté par le Parlement européen fin novembre.

Cependant, les agriculteurs, tout en se réjouissant du renouvellement de l’autorisation du controversé herbicide glyphosate, redoutent le retour de ce projet et entendent faire entendre leur voix avant les élections européennes de juin.

Comprenez-vous les manifestations des paysans ?

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23 réflexions au sujet de “Quid des raisons de la colère des agriculteurs ?”

  1. Bâtiments publics recouverts de fumier, routes bloquées et abîmées… Les manifestations des agriculteurs ont occasionné au moins 8 millions d’euros de dégâts. Reste à savoir qui réglera la note. Bravo les gars ! continuez à tout saccager ! Mais n’allez pas vous plaindre d’agribashing par la suite ! On peut manifester sans saccager les biens publics non ? On voit bien là votre égoïsme et votre manque total de respect d’autrui…

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  2. Les gens devraient comprendre une fois pour toutes que les agriculteurs ne sont pas du tout leurs amis. À cause d’eux, et de leurs syndicats vendus depuis bien longtemps au système, nous allons subir une nouvelle flambée des prix en grande surface.

    Que dire des dégâts crées par les pécores ? Qui va les payer vous, moi bref ceux qui n’y sont pour rien ! Et vous acceptez ça ? On peut manifester sans casser et détériorer , encore faut-il un cerveau, ce dont les paysans sont dépourvus, sinon ils gagneraient bien leur vie !!!!!!!!!!!

    Des millions de pauvres vont devoir se serrer la ceinture encore un peu plus, pour sauver les SUV et les vacances aux sports d’hiver des céréaliers ou des viticulteurs de Cognac.

    Ce mouvement ne mérite aucune sympathie !

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  3. Les pécores nous emmerdent ! Leurs actions de vandales trop gâtés ne sont même pas punies par les forces de l’ordre ! On laisse faire !
    Demain, moi je vais bloquer une route : on va m’arrêter sur le champ… eux non pourquoi un tel laxisme de notre gouvernement ?
    Non seulement ils polluent la terre, nous empoisonnent, sont gavés de subventions payées avec NOS impôts et ils se plaignent ?!?
    Si leur métier ne leur rapportent pas assez : qu’ils en changent ! Ils font comme les autres ces nantis de la société !

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  4. En plus ils veulent la gratuité du gasoil ?!? Non mais je rêve ou quoi ? Moi aussi je veux le gasoil gratuit : je vais donc faire chier les gens et bloquer des routes ?

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    • Je viens avec vous pour le bloquage 😉

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  5. Marre de vos actions qui prennent en otages de simples gens qui n’y sont pour rien !
    Marre de vos déversements de pailles, de purin, de pneus Etc sur les routes !
    Marre du vandalisme sur les ronds-points, défoncés et labourés sans aucune gêne !
    Marre de vos pulvérisations de pesticides, fongicides, insecticides, herbicides Etc tout au long de l’année : vous aimez vraiment la terre pour l’empoisonner à ce point ?!?
    Marre de votre mode de production trop souvent basée sur la mono culture !
    Marre de votre esprit résolument franchouillard d’un autre siècle qui n’a pas la souplesse et l’intelligence de vivre dans son époque sans regretter éternellement les traditions passéistes !
    Marre de vous entendre râler depuis des décennies, que l’on vous subventionne et que l’on vous perfusionne constament avec l’argent de notre travail !
    Marre de vos gémissements et de vos pleurnicheries du agribashing ! Vous faites quoi pour éviter cela et donner envie que l’on vous aime ?
    Marre de vous entendre dire que vous ne gagnez pas bien votre vie Etc : changez donc de métier ou remettez-vous en cause plutôt que de toujours en vouloir et vous en prendre aux autres !
    Marre que vous ne puissiez pas changer de paradigme, d’élever vos pensées et donc vos actions !

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    • Quel bon commentaire ! Bravo !

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    • Je ne peux qu’abonder dans votre sens #marredespecores

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  6. Il serait judicieux de soutenir un boycott de Lactalis, qui profite des marges aux dépens des agriculteurs.

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  7. Lassitude extrême voire de la colère face à ces manifestations d’agriculteurs !

    Leur incessante perturbation de la vie citoyenne, en particulier de ceux qui travaillent et contribuent financièrement pour les soutenir, devient exaspérante. Nous ne sommes pas responsables de leurs difficultés, alors merci de nous laisser en paix ! S’ils veulent exprimer leur mécontentement, qu’ils ciblent plutôt leur Ministère ou l’Élysée. Cependant, cela requiert du courage dont ils semblent manquer.

    En parcourant l’article et en prenant connaissance des nombreux problèmes auxquels les agriculteurs font face, on réalise que, à part la question de l’eau, cela n’a absolument rien à voir avec l’environnement.

    Pourtant, cela n’empêche pas certains productivistes intégristes de rejeter la responsabilité sur l’écologie et de vandaliser les locaux d’un parti politique. Quelle répulsion !

    De surcroît, leur syndicat encourage à voter pour des partis favorables aux accords de libre-échange, tout en se plaignant des importations de produits étrangers !

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    • Et leur comportement est toléré… Tout leur est permis. Ces actions peuvent être qualifiées de délinquance agricole. C’est un triste constat pour la France…

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      • Les personnes aisées cherchent à imposer leurs règles aux citoyens moins fortunés.

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        • Les défis auxquels l’agriculture est confrontée ne légitiment pas le fait que certains individus estiment être au-dessus des lois, surtout lorsqu’ils sollicitent des aides de la collectivité. Posséder un luxueux 4×4 n’est pas exactement synonyme de situation de précarité.

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  8. Le nombre d’agriculteurs diminue tandis que les importations massives de viandes, de légumes et de fruits se multiplient. La question se pose : pourquoi ? Aucun représentant agricole ou syndicat ne semble aborder la précarité des futures retraites des agriculteurs.

    En revanche, on observe un nombre considérable de primes par exploitation, des équipements excessivement coûteux, et une pléthore de conseillers de toutes sortes qui semblent prospérer aux dépens des agriculteurs.

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    • Devant le coût élevé des équipements surdimensionnés qui restent inutilisés dans les garages, et compte tenu de la vigueur du marché du machinisme agricole, légitimement, des interrogations se posent à leur égard. Les cultivateurs de céréales et les arboriculteurs semblent prospérer, mais la situation en viticulture suscite des questionnements sur la nécessité d’une plantation massive encouragée par les chambres d’agriculture.

      L’élevage, en revanche, traverse une crise persistante depuis de nombreuses années. Malgré cela, aucune initiative significative n’a été entreprise par la profession pour sortir de cette impasse, se limitant souvent à des manifestations symboliques dans les rues.

      On peut également se demander quelle est l’efficacité du syndicalisme des semenciers, étant donné le contexte actuel.

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  9. Étrangement, un nombre important d’agriculteurs semblent réussir plutôt bien, tandis que certains persistent à adopter des pratiques irresponsables, puis sollicitent notre contribution pour éponger les conséquences. Une exploitation correctement administrée génère des bénéfices.

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  10. Si l’on prétend consacrer 70 heures par semaine au travail sans pouvoir se rémunérer, il serait plus judicieux de trouver un emploi rémunéré au salaire minimum, voire plus, avec un horaire de 35 heures par semaine, dans l’une des nombreuses branches d’activité telles que la restauration, l’aide à la personne, ou autres.

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    • +1000000 ! Quand ça ne marche pas on fait autre chose et on arrête de se plaindre et de s’en prendre aux autres ! Des pleurnicheuses les pécores !

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    • Tout à fait d’accord avec vous

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  11. Si prétendument aucune rentabilité n’est générée, il serait plus sage de mettre fin à l’activité plutôt que d’impliquer le fiston dans l’affaire non ? Le bon sens le voudrait ! mais le fameux bon sens paysan a disparu depuis bien longtemps !!!

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  12. La colère des agriculteurs est compréhensible, leur droit à manifester est incontestable, mais bloquer les autoroutes, causant des difficultés aux automobilistes qui n’y sont pour rien, est inacceptable. C’est là une atteinte à la liberté.

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  13. Les agriculteurs manifestent avec raison, mais face à leur manque d’écoute, ils en viennent à déverser du lisier en ville. Même si je ne suis pas du milieu agricole, je ressens de l’empathie. Peut-être comprendrez-vous leur geste lorsque la précarité alimentaire deviendra une réalité.

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